Amateurs d'émotions fortes Chassez la ouananiche!



Texte: Daniel Cousineau (Techniques de Pêche, annuelle 1984)

Tous les Québecois sont des pêcheurs de truite dans l'âme. D'ailleurs le poisson numéro 1 chez nous est sans contredit la truite mouchetée. Par contre si l'on posait la question suivante à ces mêmes pêcheurs: "Quel est le poisson que vous aimeriez le plus capturer?", un grand nombre d'entre eux répondraient sans hésitation: "..la ouananiche!".

La ouananiche comme tout comme tout le monde le sait est un saumon de l'Atlantique resté enfermé dans les terres. Et qui parle saumon s'attend à de l'action en perspective. En effet, la ouananiche est un poisson de grand sport qui livre un bon combat et que n'importe quel pêcheur se rappellera tout au long de sa vie. Et ce, au point que lorque vous y avez gouté, le virus est injesté et qu'il vous faudra absolument y retourner chaque année!

"Où la chasser?"
Il est évident que si l'on parle de ouananiche, on ne peut s'empêcher de penser au Lac St-Jean reconnu comme la capitale mondiale de la pêche au saumon intérieur. D'ailleurs, la région du Lac St-Jean renferme une multitude de plan d'eau qui contiennent de ces magnifiques poissons argentés.

Tout d'abord, j'aimerais vous entretenir des affluents de notre mer intérieure de plus de 600 milles carrés (1554 km carré) qu'englobe les rives du Lac St-Jean.

La rivière-vedette est certes la Chamouchouane connue pour ses fosses fort productives dont la plus renommée est sans doute la chute à Michel qui coule à environ 10 milles (16km) de l'embouchure. D'ailleurs à cet endroit, une migratoire à été installe pour afin que les saumons puissent franchir cette chute de 10 pieds de hauteur. D'autre points sont aussi connus, soit la Chute à l'Ours et la Chute de la Grande Chaudière (chute de 40 pieds) où d'ailleurs les ouananiches s'arrêtent.

La deuxième rivière importante: la Péribonka où sont érigés trois grands barrages. Les lieux de pêche à retenir sont la Chute à la Savane, la Chute à Diable et la dangeureuse Chute des Passes que j'ai eu la chance d'observer l'an dernier en me rendant au lac Perdu

Autour du lac St-Jean, il y a aussi plusieurs lacs où nagent des sujets beaucoup plus gros que dans le renommé Lac St-Jean. Tout près du village de Notre-Dame-du-Rosaire il y a le splendide lac Tchitogama qui en passant n'est pas à conseiller par temps venteux . Les lacs Péribonka et Kénogami (ce dernier est un "nouveau" lac à ouananiche), suite à l'ensemencement de 30 000 ouananiches en 1966 âgées d'un à deux ans, produisent aujourd'hui chaque année des pièces de 10 à 12 livres qui font la joie des pêcheurs.

Si maintenant, on regarde plus au Sud, près des grands centres, une multitudes de lacs furent ensemencés mais il y en a trois où le succès fut des plus marqué.

Depuis bien des années la réputation du lac Memphrémagog n'est plus à faire pour la pêche au salmonidé et pour cause. Il jouit des ensemencement du M.L.C.P. et de l'état du Vermont. D'ailleurs, de par sa situation géographique, il constitue certes le premier endroit où l'ont peut pêcher ce poisson au printemps.

Il y a un autre lac où la ouananiche pullule. Il s'agit du lac Sorcier situé dans le parc Mastigouche. Il n'est pas facile de s'y rendre mais tentez votre chance aux réservations, faites 48 heures à l'avance.

La perle demeure le lac Tremblant où les records canadiens se sont succédés. Le dernier appartient à un de mes amis, avec une capture de 21 livres et 6 onces constituant aussi au moment d'écrire ces lignes le record mondial pour un fil de 12 livres de résistance. Pourtant, je dois avouer que le lac Tremblant est très difficile d'accès car tous les terrains sont privés. Mais pour ceux qui serainent tentés d'y mouiller leur ligne, on peut toujours avoir recours au service d'un réputé guide , offrant des forfaits de pêche à un prix plus que raisonnable.

Je m'en voudrais d'avoir oublier de parler d'une des meilleures rivières à ouananicheau monde, la Caniapiscau. Il est entendu que cette rivière qui regorge de notre salmonidé-vedette n'est accessible que par hydravion. Mais pour les "mordus" de ce poisson, quelques pourvoyeurs peuvent vous faire réaliser votre rêve. De mémoire, il y a: les pourvoyeurs Laurentien Ungava, les Camps de pêche de la Caniapiscau et le Club Chambeaux bien connu également pour ses grosses mouchetées.

Je pense maintenant que vous savez où l'on peut croiser le fer avec la petite soeur du saumon. Il est maintenant l'heure de voir les techniques de pêche les plus efficaces.

"Comment chasser la ouananiche?" S'il y a un poisson pour lequel il est difficile de faire des généralités dans les méthodes de capture , c'est bien la ouananiche. D'ailleurs, je crois que certaines méthodes sont adaptées à certains plans d'eau en particulier.

Au lac St-Jean, pour ceux qui s'y sont déjà rendus, la méthode la plus employée réside à faire de la traîne en zig-zag en utilisant un Silver Wobbler auquel on enlève l'hameçon triple pour lui subsister un bas de ligne de 30 cm (12 pouces) au bout duquel on attache un hameçon simple 1/0 sur lequel est empalé un méné de 2 1/2 à 3 pouces. Comme le poisson à cet endroit peut être à n'importe où, c'est certes l'une des meilleures méthodes.

Par contre il y a un phénomène qui se produit et que l'on peut observer par temps calme.

Un fait
En 1981, j'avais entrepris de faire plusieurs sorties au lac St-Jean afin de tenter de percer quelques secrets de dame ouananiche. Grâce à mon sonar et à mon thermomètre, nous étions "armés" pour pouvoir donner un diagnostic précis de nos observations.

J'avais eu une conversation avec un ami, pourvoyeur au lac St-Jean, qui m'avait parlé d'un phénomène de "marsouinage", lorsque le lac était calme, et à ce moment précis, on pouvait voir les ouananiches se nourir. Les deux autres semaines auparavent, nous avions vu le lac St-Jean plutôt "houleux". Mais lors de l'une de nos sorties, ce dernier était calme comme un couvent de "soeurs muettes". Mon ami me dit qu'il y avait une concentration près de Desbiens. Nous filions donc vers l'endroit. Nous patrouillions le lac depuis maintenant deux heures et toujours pas une touche. Pourtant sur l'écran du sonar tout est là: ouananiches et éperlans. Pourquoi? C'est alors qu'il me vient l'idée de surveiller l'intensité de la lumière.

Les ouananiches se tenaient en suspension à environ 3 à 4,5 mètres (10 à 15 pieds) de profondeur. Une lecture nous démontra que la lumière était faible et que les éperlans se tenaient entre 4,6 et 6 mètres (16 et 20 pieds) où la lumière était presque inexistante. J'ai compris vite que les éperlans étaient certainement plus lucifuges que les ouananiches et pouvaient de ce fait éviter de servir de menu.

Puis tout à coup, le banc d'éperlans se met à monter vers la surface et c'est la frénésie totale. L'activité autour de nous ne cessait d'augmenter. Mon leurre tout près des saumon est happé violemment et au même moment celui de mon compagnon est arrêté raide et un autre saumon danse sur la queue. Pendant 1 heure, nous avions négocié le lac à la traîne rapide en prenant soin de diriger nos leurres le plus près des poissons en pleine activité au camp, nous avions reussi à sauver nos deux quota de ouananiches. Ce phénomène est relié à la luminosité. Les éperlant en fait se nourrissent de zooplancton et comme pendant un bon moment de la journée, il y en a assez en profondeur, ces derniers cherchent à rester hors de vue des ouananiches. Mais à un moment donné, le zooplancton "lève" vers la surface emmenant avec lui la manne des ouananiches. Les salmonidés en attentent savent bien que ce privilège ne durera pas éternellement et en profitent pour se gaver. Ils sont tellement préoccupé que ni bruit des moteurs, ni la température de l'eau de surface à ce moment là ne les dérangent. On chasse!

Bien que la ouananiche se capture très bien avec des poissons-nageurs, comme le Rapala et le Nils Master de 5 à 8 cm pendant la période d'activité, durant les heures qui sont plus tranquilles, il est possible de prendre des saumons avec des Kwikfish, Flatfish et Spoonplug de couleurs voyantes jaunes, oranges et chartreuses. Il est préférable de faire une traîne lente et de tenir ses leurres loin derrière l'embarcation.

Si je regarde maintenant vers les tributaires, la méthode est beaucoup plus simple. Au pied des barrages, les Silver Wobbler et les cuillères à hélices sont certainement les plus productives. Pour les ondulantes, mentionnont la Toronto Wobbler et la Syclops 9 gr. Quant aux tournantes, citons les Vibrax et les Mepps Aglia no. 2 argentées qui sont certes les outils appropriés. L'utilisation de vers de nuit dans les retours de courant à fait ses preuves plus souvent qu'à son tour.

Pour les lacs du sud tels que le Memphrémagog, Tremblant, Sorcier et aussi les autres comme le Péribonka, Kénogami et Tchitogama, il est important au printemps au printemps d'exploiter les pointes rocailleuses le plus près possible de la rive et il est important de bien les contourner. Pour ce qui est de la vitesse de traîne, cette dernière doit être moyenne car la ouananiche est un poisson rapide. Il est préférable de ne pas employer de gros leurres (de 8 cm au maximum) car la ouananiche à une petite geule et elle saute beaucoup.

Curieusement, peu de leurre tentent la ouananiche. Quelques ondulantes comme la Mooselook, Toronte Wobbler, Dare Devil et Syclops ont la faveur de Dame ouananiche. Mon copain du lac Tremblant ne jurre que par la Sutton et pense que se gigantesques captures ne permettent pas d'en douter.

Pour ma part, je préfère les poissons nageurs de 5 à 8 cm de couleur variables, selon la température. Les Rapalas sont excellents et mon préféré est le Nils Master de 5 cm auquel je prends soin de substituer les hameçons triples originaux pour ceux de 8cm. De cette manière, la proie est facile à avaler pour la ouananiche mais très difficile à cracher.

Plus tard en saison, il faudra la pêcher en profondeur autour des bancs d'éperlans avec l'aide d'un downrigger. Il y a aussi la méthode de l'éperlan vivant. Par contre, lisez bien les règlements car si je ne m'abuse, elle est légale seulement au Memphrémagog et au lac Mégantic que j'allais complètement oublier. La méthode consiste à localiser le banc d'éperlans, d'en capturer un avec des vers mais pas n'importe lequel, Il faut qu'il soit petit, de 3 à 5 pouces. Il devra être offert sur un montage constitué d'un plomb à bande caoutchoutée d'1/2 once sur la ligne principale à 6 pouces en haut d'un émérillon. À cet émérillon on attache un hameçon pré-monté à hampe courte de marque Pequea 3/0. Prenez soin de le piquer derrière la nageoire dorsale afin qu'il se débatte de façon naturelle. Il faudra à ce moment le descendre au-dessus du banc. À mon sens, pour ce genre de pêche, un moulinet à lancer lourd comme le Bantam 200SG et une canne appropriée, seraient un équipement adéquat puisque'ils sont plus facile à régler pour la pêche en suspension afin que le poisson parte avec l'appât sans sentir de résistance.

Quant aux rivières de Grand Nord, les ouananiches ne sont pas difficiles. Tout leurre qui est serti de chrôme et ayant moins de 1/2 once de pesanteur fera sûrement l'affaire. D'ailleurs, c'est l'endroit tout désigner pour tenter votre chance à la mouche avec un Mickey Fin, Magog Smelt et quelques mouches à saumon qui donnent un bon rendement. Citons le Jack Scoot, Silver Doctor. Faites-les tenir près de la surface tel un vairon qui a peur.

Conclusion
Vous voilà "armés" et vous savez maintenant où, quand et comment chasser la ouananiche. Maintenant, grâce à des prises comme celles de mon ami, nous savons que le record mondial de tous les temps de 22 livres et 8 onces capturé en 1907 au Sebago peut être battu ici-même.

Pour ma part, je vous souhaite bonne chance et bonne pêche!




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